Histoire d'eau

Histoire d'eau…

 

Si vous avez visité avec beaucoup d'attention ce blog, vous aurez noté que, en dehors de mon propre réseau, je contribue avec le plus grand plaisir à la décoration du réseau de mon club Marseillais. Suite à notre déménagement (forcé) de nos anciens locaux, nous sommes repartis il y a déjà quelques années quasiment à zéro, en ne préservant dans notre nouvelle implantation que très peu de choses de l'ancien réseau.

Dans notre dynamique de reconstruction, fidèles à notre désir de valoriser les sites ferroviaires locaux, nous avons un jour émis l'idée (un peu folle?) de reproduire le site de Roquefavour, célèbre surtout par son superbe aqueduc.

 

Ce magnifique ouvrage, que l'on doit à l'ingénieur Jean-François Mayor de Montricher, construit entre 1842 et 1847, est relativement récent et surpasse largement son illustre prédécesseur, le Pont du Gard, qui, il est vrai, est bien plus ancien (aux environs de 19 av. J-C). Jugez-en plutôt:

 

 

Aqueduc de Roquefavour

Pont du Gard

Longueur (m)

375

275

Hauteur (m)

83

49

étages

3

3

1er étage

12 arches

6 arches

2ème  étage

15 arches

11 arches

3ème étage

53 arceaux

35 arceaux

 

Gros problème… A l'échelle HO (1/87) de notre réseau cela nous fait une longueur de 4,3 m… un peu encombrant… Même à l'échelle N (1/160), cela reste une construction de 2,3 m, difficile à loger sur un réseau, même de belle taille…

Nous avons donc choisi de le positionner astucieusement en arrière-plan afin de bénéficier de l'effet de perspective pour pouvoir "tricher" et adopter une échelle adaptée… Ayant "hérité" de la maîtrise d'ouvrage de cette petite folie, j'ai opté pour une échelle 1/250, ce qui correspond à une reproduction très respectable, de 1,5 m de long.

 

Premiers croquis de dimensionnement

 

Comme il était vraiment difficile de trouver des données fiables et des dimensions détaillées (format des pierres, taille des moellons, …) j'ai pris l'option "terrain", pour aller mesurer sur place les éléments de base me permettant, à partir de photos, de reproduire l'ouvrage le plus fidèlement possible, par un simple jeu de "règle de trois"… Voici quelques quelques clichés utiles et certains des croquis issus de ces observations, dont une mise en situation de l'aqueduc.

 

 

 

 

 

Mise en situation de l'aqueduc

 

 

Les mesures c'est bien… Reste le choix des matériaux et la définition du principe de construction…

 

Eu égard à la relative complexité de l'architecture, j'ai opté pour une séparation des fonctions: réalisation unitaire des piliers, à profil trapézoïdal allongé, puis réalisation séparée des arches de liaison, de section rectangulaire. Cette option permet d'avoir une bonne accessibilité pour la gravure (pierre par pierre…) de chacun des éléments.

Cette technique s'applique à la réalisation des deux premiers étages. Le troisième étage, portant le canal de circulation d'eau, est réalisé par taillage dans la masse des arceaux, en tronçons courts, mis bout à bout et venant coiffer les niveaux inférieurs.

 

 

Détail d'un tronçon du troisième étage, avant assemblage

 

La conception et la taille de l'ouvrage demandaient un matériau léger, aisé à travailler. Je me suis tourné majoritairement vers le balsa, même si les moulures de ceintures et les moellons ont été taillés dans des allumettes suédoises.

 

L'assemblage de l'ensemble se fait par collage à la colle à bois.

 

La validation du concept de construction s'est faite au travers de la réalisation de 3 piliers, 4 arches avec leur habillage et d'un tronçon de 3 arceaux.

 

A ce stade, je dois tirer un grand coup de chapeau à mon collègue de club Jean-Claude qui a bien voulu, sur ce principe, prendre en charge la réalisation des 12 piliers, 23 arches et 17 tronçons d'arceaux restants, leur gravure, et l'assemblage de l'ensemble… 200 heures de boulot… Merci Jean-Claude!!!

 

J'ai récupéré ensuite l'ensemble pour la décoration finale, en m'appuyant sur les clichés pris plus haut ainsi que sur quelques vues annexes, comme cette précieuse photo aérienne:

 

 

La mise en peinture a été réalisée avec de l'acrylique, suivant une technique maintenant éprouvée: peinture de l'ensemble dans la teinte la plus foncée, en remplissant soigneusement les creux de gravure, passage de la teinte la plus claire superficiellement, après séchage incomplet de la couche de fond, et enfin finition des détails après séchage complet, en réhaussant les reliefs (moulures, …).

 

Voilà l'ensemble terminé, prêt à être installé sur le réseau; le résultat est ma foi assez "sympathique":

 

 

 

La dernière étape est encore délicate, bien qu'un peu moins ardue. Il ne faut pas tout gâcher par une mise en situation bâclée.

 

Tout d'abord, déterminer le bon positionnement et la bonne orientation, puis fixer l'ouvrage. Un collage à la colle à bois sur une simple bande de contreplaqué fait l'affaire. Reste l'intégration elle-même, pour lequel il faut reproduire l'environnement rocheux de l'ouvrage original…

J'ai utilisé une technique que j'affectionne, à base de polystyrène, pouvant inclure des écorces de liège. Tout d'abord, positionner grossièrement des volumes de polystyrène pour figurer la topographie. Ces volumes sont ensuite taillés au couteau (un bon vieux couteau de cuisine fait l'affaire) pour donner l'allure de la roche, puis un coup de chalumeau léger pour durcir la surface et faciliter la peinture (là, il faut avoir la main légère et délicate, pour juste effleurer la surface et ne pas fondre le polystyrène…)

 

Volume partie "ouest"

 

 

Brûlage de durcissement du volume "est"

                        

 

Ensuite, sans aucune subtilité, on peint tout avec un "jus noir" (acrylique noire diluée à l'eau) pour bien remplir toutes les afranctuosités. Sans attendre le séchage, un premier passage de couleur "terre de sienne rouge", pour simuler les résidus terreux parsemés dans les zones rocheuses. Ensuite une couche légère de blanc, peu appuyée, qui, par mélange avec le noir, va donner des variations de gris plus ou moins accentuées. Enfin, après séchage presque complet, les finitions en réhaussant les reliefs, principalement de blanc. Des touches légères d'ocre simulent les mousses.

 

 

"jus noir" sur la partie en polystyrène,

qui est ici complétée de volumes en liège

 

 

Volume rocheux terminé

 

Un parachèvement a ensuite été réalisé, par l'adjonction de mousses naturelles, que je préfère aux flocages dans certaines configurations.

Et voici l'allure finale de l'aqueduc de Roquefavour! Si l'on rajoute au temps passé par Jean-Claude celui qu'il m'a fallu, on peut facilement doubler la note… Et c'est un ouvrage ayant nécessité plus de 400 heures de travail que vous pouvez désormais voir sur le réseau du club!

 

 

 

Ainsi se termine cette histoire d'eau … Je vais en boire un grand verre parce que là, après un tel récit, je commence à avoir soif…



29/04/2013
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